Page 13 - Vert-Mont - Un domaine au coeur de l

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n 1867, c’est un homme riche qui arrive à Vert-Mont. Victor-
Paul Delacroix a quarante-quatre ans, il assure la co-gérance
depuis presque vingt ans d’un des très renommés magasins
de nouveautés de Paris,
À la ville de Saint-Denis
, qui ne cesse de se
développer à force de succès. Il est sur le point de prendre le pouvoir
pour le diriger seul. Le nouveau propriétaire du domaine a décidément
peu de choses en commun avec Gustave d’Eichthal !
Victor Delacroix et Juliette son épouse choisissent Rueil pour l’agrément
de la campagne, bien sûr, suivant en cela la mode du temps, pour affirmer
leur standing, mais aussi pour se rapprocher d’un lieu de pouvoir. À cette
époque, ils habitent encore sur le lieu même de leur magasin, et ce n’est
que plus tard qu’ils installeront leur résidence principale dans un superbe
appartement du boulevardMalesherbes. La résidence de campagne a-t-elle
été une priorité ou une opportunité ? Nous ne le saurons probablement
jamais. Ce qui est certain, c’est que les Delacroix se plaisent à Vert-Mont.
Malgré les déboires du domaine pendant les combats de 1870, ils
n’auront de cesse de l’agrandir, lui donnant définitivement son caractère
résidentiel en écartant les agriculteurs, et de l’aménager pour leur confort
de week-end ou d’été. Pour être un commerçant d’origine populaire,
Victor Delacroix n’en est pas moins un homme de goût, qui meuble
son intérieur avec raffinement, fait construire une élégante orangerie et
reconstruit en les agrandissant un certain nombre de bâtiments annexes,
sans tomber dans la démesure ou l’ostentation. Il ne profitera de Vert-Mont
que dix ans, puisqu’il décède en 1877.
Sa veuve ne se résout à vendre le domaine qu’en 1889. Le nouveau
propriétaire, l’agent de change Alexandre Tavernier, agrandit encore la
propriété et aménage le grand bassin, avant de vendre à Edward Tuck en
1898, près de dix ans plus tard.
Heurts et bonheurs
à Vert-Mont
(1867-1898)
CHAPITRE 4