menu
Publié le 7 février 2019

S’intégrer dans une entreprise, c’est prendre place dans une lignée

Prendre pied dans une entreprise est un peu – beaucoup ? – une question culturelle.
Faire rimer dispositifs d’accueil et récit mémoriel, c’est bénéfique. Voici pourquoi.

Que d’enjeux autour de l’intégration des nouveaux et nouvelles salarié.e.s ! Ce moment-clé où la nouvelle recrue fait connaissance avec son environnement de travail, ses collègues, ses missions est aujourd’hui considéré comme un facteur de performance décisif. C’est là que se joue à 50 % la réussite d’un recrutement, au cours de cette dernière étape du processus, où s’amorce déjà la fidélisation à l’entreprise. Tous les recruteurs le savent, la zone à risque est la première année, où survient la majorité des démissions. Se sentir bien accueilli, attendu, c’est rassurant, motivant, positif, bref ça change tout !

C’est pourquoi les process d’accueil ne cessent de se professionnaliser. Certains programmes de onboarding/intégration commencent avant l’arrivée effective dans l’entreprise, via un portail d’information. Ces parcours, de plus en plus conçus comme un acte fort de management, se déroulent sur un an et font l’objet d’un suivi. Les séminaires d’intégration se généralisent. Les outils digitaux apportent de nouvelles ressources : programmes de self-learning qui donnent accès à de l’information au bon moment et autonomisent le.la salarié.e, applications dédiées, etc. Sans oublier le bon vieux livret d’accueil, un basique indispensable qui, lui aussi, a pris un coup de jeune.

Du côté des contenus délivrés, l’information pratique domine évidemment. La présentation de l’entreprise décrit son organisation, son positionnement, son offre et sa place sur son marché, ses points forts, ses valeurs, ses process RH, sa politique RSE. Et… sa culture ? Parfois. Et… ses racines, ses origines, son histoire ? À la marge, en quelques dates et trois photos noir & blanc, s’il s’agit vraiment d’une entreprise familiale ou d’une marque patrimoniale. Pour le reste… chacun raconte l’histoire à sa façon : pour ce qu’il en sait, pour ce dont il se souvient, à travers son unique expérience, forcément partielle et partiale.

Si l’entreprise a une histoire (c’est le cas après 30 ans, soit une génération d’entrepreneur) et a de bonnes raisons de penser que cette histoire constitue une richesse, c’est précisément lors de l’intégration qu’il faut en parler ! C’est une information originale, riche de sens, qui éclaire le présent. Mais plus encore : les salarié.e.s se sentent accueilli.e.s dans une lignée. Intégrer l’entreprise, c’est aussi continuer à écrire cette histoire dont ils.elles deviennent les héritier.ère.s. Voilà un motif d’intérêt nouveau, qui peut se transformer en accélérateur d’adhésion. Il deviendra probablement un objet de fierté, à condition que le patrimoine de la marque et les valeurs qu’elle communique soient correctement alignés.

Bien cadencer cette information patrimoniale et culturelle est essentiel. Au début, point trop n’en faut : des points de repère chronologiques et quelques belles histoires pour donner envie d’en savoir plus, pas l’encyclopédie complète ! Ensuite, au cours de la première année, il sera temps d’approfondir, par thème, par site, par produit, selon les ressources de l’histoire et les points d’intérêt. Avec pour moyens, par exemple : des séquences interactives liées à une plateforme dédiée ou à une application ; un cycle de mini-conférences culturelles qui permettent aussi de faire connaissance de nouveaux collègues ; des modules vidéo ou motion design intégrés au programme d’onboarding… le champ des possibles est vaste.

Quand les salarié.e.s s’approprient leur patrimoine d’entreprise, il leur est aussi plus facile d’assurer leur rôle d’ambassadeurs et d’ambassadrices de la marque, non seulement dans le cadre professionnel mais surtout au-delà, dans leur vie personnelle et sur les réseaux sociaux.

Le dispositif créé autour du récit mémoriel est propre à chaque entreprise, à vous de l’inventer et à nous avec vous. Il n’est pas réservé aux seul.e.s arrivant.e.s – même si c’est une bonne raison de s’en préoccuper ! – mais concerne évidemment tout le personnel. Il est frappant de constater combien la mémoire se dilue dans la temporalité, et avec elle tout son apport à l’identité de l’entreprise… tant le présent occupe les esprits, tant les effectifs bougent ou rajeunissent. La mémoire, ça se partage tout de suite, et ça s’entretient longtemps !