menu
Publié le 25 mai 2020

La dynastie des Saugrain : huit générations au service du livre et d’un art

Cet article d’Arnaud Berthonnet vient d’être publié dans les actes du 143e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques (Paris 2018), dont le thème est Écriture et transmission des savoirs de l’Antiquité à nos jours. Il fait suite au livre très fouillé qu’il a publié en 2018 aux Éditions InSiglo, retraçant l’histoire d’une grande famille française de libraires, imprimeurs, graveurs de caractères d’imprimerie, typographes et lettrés, dans laquelle sont réunies les Saugrain et les célèbres Didot.

Revenons aux Saugrain…
À l’époque où, vers 1530-1540, le livre imprimé acquiert ses caractéristiques propres, le fondateur de la dynastie des Saugrain, Jean, jeune normand parti de rien, se forme aux métiers du livre en Allemagne, berceau de l’imprimerie moderne.

Cet esprit humaniste, converti au protestantisme, fonde en 1550 une librairie « combattante » à Lyon. Sept générations de libraires-imprimeurs lui succèderont, non à Lyon mais à Paris, capitale de la librairie et de l’édition française, après un bref passage à Pau sous la protection du futur roi Henri IV, Henri de Navarre.

Les Saugrain traverseront trois siècles d’histoire du livre, dont le « Grand Siècle », puis les Lumières, où ils seront au sommet de leur art. Par exemple, Claude-Marin I (1679-1750) s’intéresse dès le début du XVIIIe siècle à la publication de guides « touristiques » sur Paris, qui constitue un marché singulier. Les Saugrain se lieront par mariages aux grandes familles de libraires et d’imprimeurs de l’époque comme les Didot, les Prudhomme ou encore les de Bure. On mesure à la lecture toute l’importance des mariages et des réseaux familiaux dans les métiers du livre à Paris. Les descendants des Saugrain vivent aujourd’hui en Amérique du Nord.