Page 5 - Vert-Mont - Un domaine au coeur de l

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PARTIE 1
R
ueil, niché entre coteau et fleuve, a été un lieu de villégiature
apprécié de tous temps. Lorsque Joséphine Bonaparte, future
impératrice, tombe sous le charme du château de Malmaison
et l’achète, elle propulse ce coin de campagne sous les feux de la grande
histoire. Malmaison est son domaine, celui qu’elle agrandit et embellit
constamment et dont Napoléon I
er
lui laisse la jouissance après leur
divorce. Mais l’immense propriété ne survivra pas à sa bienfaitrice. Elle
est vendue par lots en 1828, dans un profond état de délabrement,
et les subdivisions se poursuivent tout au long du XIX
e
siècle. Certains
achètent pour revendre, d’autres pour lotir, d’autres encore pour agrandir
leurs domaines ou en constituer de nouveaux. C’est ainsi qu’une riche
veuve, Catherine Maurel, achète un lot qui correspond à l’ancien
domaine de Bois-Préau, et l’agrandit de parcelles qu’elle revendra
en 1833, notamment à des cultivateurs qui y plantent de la vigne.
Le futur domaine de Vert-Mont naîtra de ces terres restées vierges de
toute construction (
chapitre 1
).
Bientôt, l’engouement pour les demeures de campagne amène à Rueil
et dans les villages environnants la riche bourgeoisie du Second Empire.
Rueil est maintenant à 26 minutes de Paris par le tout nouveau chemin
de fer, et il n’est pas rare de croiser Napoléon III à Malmaison. C’est
ainsi que l’agent de change et homme d’affaires Édouard Rodrigues
acquiert en 1853 le domaine de Bois-Préau, où il reçoit une brillante
société. L’aînée de ses quatre filles, Cécile, se marie en 1842 avec un
grand intellectuel, à la fois idéaliste et visionnaire, Gustave d’Eichthal.
Premier disciple d’Auguste Comte, saint-simonien engagé, né juif,
devenu catholique et fasciné par l’islam, ce fils de banquier préfère les
sciences humaines et la philosophie au monde des affaires (
chapitre 2
).
Un nouveau domaine s’épanouit
à Rueil, sous l’impulsion de deux hommes
remarquables : Gustave d’Eichthal
et Victor Delacroix