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PARTIE 1
Gustave d’Eichthal constitue en quelques années son domaine dans
le prolongement de celui de ses beaux-parents, achetant des terres, et
s’impliquant dans la conduite du chantier de construction. Bientôt,
un élégant pavillon à l’italienne domine le vallon, aménagé en parc
à l’anglaise. C’est certainement lui qui le baptise fort logiquement
« Vertmont ». La famille d’Eichthal coule des jours heureux à Vert-Mont :
Gustave y est chez lui, à l’écart de l’agitation mondaine de Bois-Préau,
que sa femme et ses enfants peuvent rejoindre à leur guise. Pourtant,
moins de dix ans après avoir créé le domaine, il décide de s’en séparer,
pour des raisons à la fois financières et familiales. Une page se tourne
lors de la vente aux enchères de 1867 (
chapitre 3
).
L’acquéreur de Vert-Mont, Victor Delacroix, a un profil tout à fait
différent. À quarante-quatre ans, cet ancien commis est à la tête d’un
magasin de nouveautés parisien très réputé,
À la ville de Saint-Denis
,
et a manifestement fait fortune. L’achat de ce domaine signe sa réussite.
Il va poursuivre l’œuvre des d’Eichthal, agrandissant Vert-Mont,
l’aménageant avec plus d’ambition et surtout le restaurant à la suite
d’un important incendie survenu lors des combats franco-prussiens
de 1870. Lui aussi ne profitera de Vert-Mont que pendant dix ans,
puisqu’il meurt prématurément en 1877. Ses héritiers vendent en 1889
à Alexandre Tavernier, un agent de change parisien de quarante-huit ans
qui, à son tour, achètera des terrains pour garantir l’unité du domaine,
parachevant l’œuvre de ses deux prédécesseurs. À son tour, il revendra
Vert-Mont au bout de dix ans (
chapitre 4
).