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Jardin des Plantes. Elle y abrite de nombreux animaux qui lui sont offerts ou qu’elle fait ramener lors
d’expéditions, telle celle de Nicolas Baudin en Australie entre 1800 et 1804. Certaines espèces vivent
en semi-liberté dans le parc.
Joséphine n’aura de cesse d’accroître la taille du domaine jusqu’à sa mort. Après avoir acquis l’étang
de Saint-Cucufa en 1801, près duquel elle fait notamment aménager une vacherie, une laiterie et
une habitation pour ses vachers suisses, elle devient propriétaire au cours de la seule année 1805 du
domaine de Buzenval, des bois de Saint-Cucufa et du bois de la vallée Hudrée.
À partir de la fin de 1805, Louis-Martin Berthault
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est nommé architecte de Malmaison. Il s’emploie
notamment à creuser la rivière anglaise à partir du ruisseau descendant de Saint-Cucufa et redessine en
1807 le bassin dit « de Neptune », à mi-chemin entre le bois de Saint-Cucufa et le château, destiné à
retenir les eaux du ruisseau de Malmaison. Il retrace aussi le parc et construit une grande galerie dans
le prolongement du salon de musique (aujourd’hui disparue).
En 1808, Joséphine décide d’acquérir le
domaine de Bois-Préau, qu’elle convoite depuis longtemps.
Il lui aura fallu pour cela attendre la mort
de la propriétaire, Anne-Marie Julien, qui refusait obstinément de le vendre. Elle annonce son projet à
l’Empereur qui lui répond de Schönbrunn le 23 septembre 1809 :
« Je reçois ta lettre du 16. Je vois que
tu te portes bien. La maison de la vieille fille ne vaut que 120 000 francs, ils n’en retireront jamais plus.
Cependant, je te laisse maître de faire ce que tu voudras, puisque cela t’amuse, mais une fois achetée,
ne fais pas démolir pour y faire quelques rochers. (...) »
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Il semble que les finances impériales avaient
beaucoup à craindre du goût prononcé de Joséphine pour les parcs à l’anglaise ! Mais les négociations
sont âpres et ne débouchent pas rapidement, les héritiers Julien ayant d’autres prétentions.
En 1809, une page douloureuse se tourne : le divorce de Napoléon et de Joséphine est prononcé le
15 décembre. Pourtant, le 7 janvier 1810, l’Empereur débloque les fonds nécessaires à l’achat du
domaine de Bois-Préau, qui est entériné par un contrat signé le 29 janvier 1810. Le Domaine Enclos
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du château de Malmaison est ainsi étendu au nord, vers le bourg de Rueil. Dans sa plus grande
extension, le domaine de Malmaison atteindra 726 hectares, comprenant le Domaine Enclos, le bois
de Saint-Cucufa et la vallée Hudrée, le château de Buzenval, les plaines de Garches, Rueil et Nanterre.
La nouvelle propriétaire de Bois-Préau demande à son architecte Berthault de remodeler le parc à la
mode anglaise. Le percement de l’allée vers Malmaison est entrepris.
Les plans contemporains connus
ne mentionnent pas d’aménagements particuliers dans la zone du futur Vert-Mont, qui semble être
boisée et dépourvue de belvédère ou de terrasse
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.
Le château de Malmaison lui ayant été accordé en
pleine propriété à l’issue du divorce, Joséphine entreprend d’importants travaux qui renouvellent l’aspect
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Louis-Martin Berthault (1770-1823)
est né dans une riche famille d’entrepreneurs parisiens. Un de ses oncles, Pierre-Gabriel Berthault (1737-
1831), est un graveur renommé. Louis-Martin se fait connaître en décorant l’hôtel Necker à Paris pour le banquier Récamier en 1798 et devient
l’architecte à la mode du Directoire puis du Consulat, remettant au goût du jour les domaines saisis par la Révolution et redessinant leurs jardins.
Il se fait une spécialité des jardins à l’anglaise. Devenu en 1805 architecte de Malmaison, il parviendra à garder la confiance de l’Impératrice
jusqu’à sa mort en 1814. Celle-ci le fait nommer architecte du palais impérial de Compiègne en 1806, ce qui marque un tournant dans sa
carrière. Il y réalisera par la suite des aménagements en vue de l’installation de la nouvelle impératrice, Marie-Louise. Il est également chargé
à partir de 1813 de missions en Italie par l’Empereur. Après la chute de Napoléon I
er
, bénéficiant de protections, il est nommé architecte de
la Légion d’honneur et retrouve à la Restauration une riche clientèle. Ses piètres qualités d’architecte ne parviennent pas à ternir sa réputation
de décorateur et de paysagiste, au point qu’il sera dénommé de son vivant le « Le Nôtre du XIX
e
siècle ». DEVAUGES Jean-Denys, « Louis-
Martin Berthault, architecte, décorateur, paysagiste », catalogue de l’exposition 1810 La politique de l’amour Napoléon I
er
et Marie-Louise à
Compiègne, Paris, Réunion des musées nationaux, 2010.
12 CHEVALLIER Bernard, Malmaison : château et domaine des origines à 1904, Paris, Réunion des musées nationaux, 1989, p. 46.
13 L’appellation « Domaine Enclos », ou « Parc Enclos », désigne la partie noble du domaine impérial, alors ceinte de murs. Ce parc est délimité sur
le plan actuel par l’avenue de Bois-Préau, la rue Charles-Floquet, l’avenue de Versailles, la rue de la Bergerie, la rue du Commandant-Jacquot et
l’avenue Napoléon-Bonaparte (RN 13).
14 « Une terrasse d’époque consulaire due à l’architecte Louis Berthault » est citée dans de nombreuses notices sur Vert-Mont, à commencer par
le dossier « Monument historique » de la base Mérimée du ministère de la Culture et de la Communication. Elle désigne la terrasse qui existe
encore aujourd’hui dans le domaine. Elle ne peut être « consulaire », puisque la parcelle est achetée en janvier 1810, donc sous l’Empire. Il est
peu probable que Louis Berthault se soit lancé dans des travaux de terrassements dans cette zone escarpée et périphérique du parc du vivant
de Joséphine, et encore moins après la mort de l’Impératrice.