Bien avant que les socialistes utopistes Owen et Fourier songent à créer des communautés qu’ils baptisent
“phalanstères”, de simples paysans auvergnats, les Quittard-Pinon, se sont réunis pour travailler et vivre ensemble
près de Thiers … et cela dès le IX
e
siècle ! Cette communauté comptera jusqu’à soixante membres et disparaîtra
vers 1835. Il faudra attendre la fin du XIX
e
siècle pour voir se développer en Europe un élan coopératif durable,
d’où sont issues les premières grandes unions de coopératives agricoles avant-guerre et à la Libération.
L’histoire plus que séculaire de la coopération agricole
libre adhésion, a-capitalisme et gestion démocratique
puise ses RACINES dans le grand mouvement coopératif
de la seconde moitié du XIX
e
siècle.
Charles Fourier et Robert Owen établissent
les principes fondamentaux de la coopération
LE MOUVEMENT COOPÉRATIF
est issu d’une longue
réflexion. Ses racines remontent à l’Antiquité et puisent dans le
courant de la pensée utopiste. De Platon à Thomas More, Saint-
Simon ou Proudhon, de nombreux penseurs imaginent une
société “idéale” et fraternelle. En 1825, le Gallois Robert Owen
(1771-1858) fonde une communauté coopérative aux États-
Unis, à New Harmony dans l’Indiana. C’est un échec cuisant,
l’expérience tourne court en 1829 et Owen, ruiné, quitte le
Nouveau Monde pour rentrer au Royaume-Uni. En 1829,
le Français Charles Fourier (1772-1837) invente un type de
communauté baptisé “phalanstère”. Il fait des émules : Victor
Considérant l’adopte en 1855 au Texas, Jean-Baptiste Godin
crée son Familistère en 1859 à Guise. Pères fondateurs du
socialisme européen, les penseurs Owen et Fourier établissent
les principes fondamentaux de la coopération : l’association, le
volontariat, la démocratie, le non-profit.
Première partie
Chapitre 1
Les premières expériences “pré-coopératives” sont celles des socialistes utopistes
Charles Fourier et Robert Owen.
Une des valeurs fondamentales de l’esprit coopératif.
Le temps des fondateurs (1945-1961)
Aux racines d’InVivo de 1945 à nos jours #
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Coopération
et coopératives
L’émergence et le développement
d’un modèle universel
Cependant, la tradition historique fixe le
point de départ de la véritable histoire de la coo-
pération à la fondationde la Sociétédes équitables
pionniers de Rochdale en 1844. Le 21 décembre,
vingt-huit ouvriers tisserands anglais de Rochdale,
près de Manchester, établissent
les six règles
permettant de concilier idéal coopératif
et saine gestion. L’apparition des premières
coopératives modernes en Angleterre au milieu
du XIX
e
siècle correspond à un contexte écono-
mique et social spécifique : il s’agit autant d’un
réflexe de défense que d’un effort de recon-
quête des moyens de production et d’accès
au marché. Il est tout aussi significatif que la
plupart de ces coopératives soient fondées
par des tisserands, travailleurs à domicile qui
sont les premiers à être frappés par l’évolution
de l’économie et les premières conséquences
de la révolution industrielle.
Après Rochdale, les idées socialistes se diffusent en
Europe tandis que le mouvement coopératif prend un essor
inattendu en Allemagne. Friedrich Wilhelm Raiffeisen
(1818-1888), ému par la grande disette
de 1847-1848, crée des boulangeries
coopératives pour faire baisser le prix du
pain. Il est aussi l’initiateur de la première
coopérative rurale de crédit en 1864.
Conforme aux principes de Rochdale, ce
mouvement englobant coopératives d’achat,
de vente, de production, de consommation
et de crédit prend racine outre-Rhin puis se
répand en Belgique et en France.
1844, en Angleterre.
Les équitables
pionniers de
Rochdale énoncent
les grands principes
de la coopération
Leur modèle est basé
sur six grandes règles :
n
libre adhésion ;
n
contrôle démocratique :
un homme, une voix ;
n
distribution des excédents
au prorata des opérations ;
n
intérêt limité au capital ;
n
inaliénabilité des réserves ;
n
formation des hommes.
équité
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