À la création des unions UNCAA et UNCAC en 1945, le clivage de sensibilité à leur tête est manifeste : du côté de l’UNCAC
des dirigeants venus notamment de la gauche laïque, issus de la Résistance, “les hommes à la mitraillette” comme certains
détracteurs les appellent alors ; du côté de l’UNCAA, des personnalités issues de la gauche chrétienne, représentant une
culture de la diversité englobant aussi bien les radicaux-cléricaux que les protestants et les radicaux-socialistes.
Sur le terrain de la coopérative, il règne un véritable foisonnement d’idées et de sensibilités post-guerre, et l’émulation
entre les structures n’est pas uniquement économique…
Les coopératives, vecteurs de la reconstruction
économique et du renouveau agricole
AVANT TOUT, LE MINISTRE FRANÇOIS TANGUY-PRIGENT
veut faire des coopératives l’instrument de sa politique agricole.
Il encourage tout particulièrement le
développement des coopératives
d’approvisionnement et des Cuma
(Coopératives d’utilisation de maté-
riel agricole). Cette organisation doit
permettre de promouvoir l’agricul-
ture française tout en l’insérant dans
la société industrielle et le monde
économique en reconstruction.
Première partie
Chapitre 2
Le temps des fondateurs (1945-1961)
Aux racines d’InVivo de 1945 à nos jours #
22/23
L’union fait
la force
Les unions de coopératives naissent,
grandissent et étayent leur légitimité
dans une France agricole en
reconstruction
(1945-1961)
LA CGA EST ALORS L’ÉLÉMENT-CLÉ
du nou-
veau système d’organisation professionnelle de
l’agriculture. Elle crée
plusieurs fédérations
nationales
entre 1945 et 1946. Le 15 mars 1945,
à la veille de son premier congrès à l’Hôtel de
Ville de Paris (16-18 mars), la CGA constitue la
Fédération nationale de la coopération agricole
(FNCA) dont le siège social est au… 129, boule-
vard Saint-Germain. C’est un retour aux origines.
La FNCA, par définition unitaire, est présidée par
Pierre Martin, un viticulteur girondin également
président de la Confédération nationale des
coopératives vinicoles ; cette personnalité libérale
s’est ralliée dès l’origine à la CGA.
À la CGA, un seul mot
d’ordre : l’unité
En 1945
, toutes les organisations
agricoles (syndicats, coopératives,
crédit, mutualité) sont regroupées
sous le chapeau unique de la CGA
en unions nationales :
n
l’UNCAA
(Union nationale
des coopératives agricoles
d’approvisionnement) ;
n
l’UNCAC
(Union nationale
des coopératives agricoles
de céréales) ;
n
l'UNCAMTC
(Union
nationale des coopératives
agricoles de meunerie
et de transformation de
céréales) ;
n
l'UNCL
(Union nationale
des coopératives agricoles
laitières) ;
n
l'UNCBV
(Union nationale
des coopératives bétail
et viande) ;
n
l'UNCFL
(Union nationale
des coopératives fruits
et légumes), etc.
renouveau
Les Cuma, outils de réorganisation de l’économie
et de modernisation du pays
Créées par la loi du 12 octobre 1945, les coopératives d’utilisation de matériel agricole vont se développer
très rapidement avec les aides du plan Marshall. Elles sont nées afin de mutualiser l'achat et l'utilisation de
matériels agricoles nouveaux et coûteux tels que les tracteurs et les moissonneuses-batteuses. En 1949, on
recense 8 000 Cuma et coopératives de battage et services. Diffusées dans les campagnes par les comités
départementaux d'action agricole et la Confédération générale de l'agriculture, les Cuma vont faciliter
l’essor technique et permettre, notamment, de généraliser l’usage des tracteurs puis des moissonneuses-
batteuses dans les campagnes. Aujourd’hui, elles sont au nombre de 13 400 (chiffres 2009).
C’est pour votre salut sur le plan matériel, sur le plan social,
mais aussi sur le plan moral et intellectuel,
que vous devez former cette grande unité paysanne.
Le credo de l’unité paysanne en 1945
François Tanguy-Prigent, le 16 mars 1945,
au Congrès de l’Union paysanne qui entérine la création de la CGA.
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