Les commerciaux des années 1950 posent pour la postérité.
Aux racines d’InVivo de 1945 à nos jours #
202/203
une épopée bretonne
De Guyomarc’h à Evialis,
Jean Guyomarc’h, le meunier entrepreneur
Fils d’un meunier de Vannes, dans le Morbihan, Jean Guyomarc’h est né en 1923. Il étudie à l’École française de la meunerie à Paris
où un de ses professeurs l’oriente vers l’aliment pour bétail. La filière commence tout juste à se développer. Jean crée dès 1952 une
société spécialisée dans l’alimentation animale. En 1954, le jeune entrepreneur édite le premier guide à l'intention des éleveurs et
établit en 1955 sa première usine à Vannes, où cinq salariés fabriquent les premiers mélanges pour volaille.
L’essor rapide de la filière avicole, notamment en Bretagne, favorise Guyomarc’h. Dès 1954, la SARL est transformée en SA et des
usines couvrent le territoire : Montargis (1957), Brest (1962), Bourg-en-Bresse (1965), Plouagat (1971), etc. En 1961, Jean Guyomarc’h
achète la ferme-manoir de Talhouët à Saint-Nolff (Morbihan) où il installe le centre de recherche, puis le siège social en 1970.
Le service commercial et les forces de vente constituent avec la recherche appliquée les deux fers de lance de Guyomarc’h. L’aliment
livré en sac est progressivement livré en vrac, directement dans le silo de l’éleveur.
La réussite de la diversification
Lors d'un voyage aux États-Unis, Jean Guyomarc’h remarque que
la dinde est largement consommée en dehors de Thanksgiving
et a la révélation que cette viande va connaître le même décol-
lage que le poulet. Il crée en 1962 la fameuse marque
Père
Dodu,
dont la production de rôtis de dinde passe de 300 000
pièces en 1965 à 14 millions en 1967 ! Quelques années plus
tard, Guyomarc'h innove en proposant du poulet frais découpé
et préemballé sous la marque
Galina.
L’entreprise s’installe en
Espagne dès 1968 puis au Brésil en 1974, en Côte d’Ivoire en
1976, en Indonésie en 1981. En mars 1972, Guyomarc’h rachète
Royal Canin, une société spécialisée dans l’aliment sec pour
chien, créée en 1967 par le vétérinaire Jean Cathary. Avec
Royal
Canin
et la stratégie différenciante conduite par son président,
René Gillain, le groupe Guyomarc’h va conquérir avec succès le
marché français puis européen, et même américain.
La période Louis Dreyfus :
l’expansion
En 1979-1980, Jean Guyomarc’h cède son Groupe à la société
Louis Dreyfus. Jean Pinchon (portrait en partie 2), son directeur
général, n’apporte aucun changement et nomme président
Michel Vermersch qui assure la continuité. Ce changement
d’actionnaire va être bénéfique puisque en dix ans, de 1980
à 1990, le chiffre d’affaires est multiplié par quatre, passant de
2,1 milliards de francs à près de 9 milliards. La branche Nutrition
Animale devient leader sur son marché avec l’usine de Ques-
tembert (56), la plus importante en Europe, qui ouvre ses portes
en 1980. Le 17 décembre 1983, Guyomarc’h devient le premier
groupe agroalimentaire breton coté à la Bourse de Paris (second
marché). L’export ne cesse de se développer. Fin 1989, les pré-
mélanges concentrés et les aliments spéciaux sont vendus dans
une cinquantaine de pays, principalement en Afrique noire et
au Moyen-Orient. Après la poule et la dinde, le Groupe s’attaque
en 1984 au marché du lapin en reprenant l’abattoir Rozanig
à Baud (56).
La période Paribas :
la réorganisation
Le 30 janvier 1990, nouveau tournant dans l’histoire : Louis Dreyfus
vend le groupe Guyomarc’h à la Banque Paribas qui souhaite
bâtir en France aux côtés de BSN – futur Danone – et du groupe
Saint-Louis, un troisième pôle agroalimentaire dont Guyomarc’h
serait la colonne vertébrale. La banque va immédiatement faire
jouer les synergies dans le secteur de la volaille en rapprochant
notamment Père Dodu du groupe breton Doux : Guyomarc’h
perd 2 600 de ses salariés et 2,2 milliards de chiffre d’affaires.
En nutrition animale, débute en 1990 une décennie de rachat
d’entreprises : COFNA, Deltazur, Rouergue Aliments, Novali-
ment, Mesny, Cavaignac, SN2A, etc. Cette croissance externe
"à marche forcée", à la veille d'un retournement structurel
du marché de l'alimentation animale en France, fragilisera le
Groupe bien plus qu'elle ne le confortera.
En 1994, le Groupe est réorganisé en deux grands pôles :
n
la nutrition animale, à laquelle il faut donner plus d’autonomie
et de réactivité pour poursuivre l’expansion en France et à
l’international (4 milliards de francs de chiffre d’affaires et
2 000 salariés) ;
n
la Société Anonyme Guyomarc’h Alimentaire (SAGAL),
qui regroupe Royal Canin, Diana et SOPRAT Père Dodu
(2,8 milliards de francs de chiffre d’affaires et 1 800 salariés).
Le Groupe s’implante en Europe de l’Est (à partir de 1993),
en Chine en 1995, au Vietnam (Hanoï) et en Inde en 1998,
au Portugal en 2000. Entre-temps (1992), René Gillain a
succédé à Michel Vermersch à la tête du Groupe.
Evialis : le recentrage
sur la nutrition animale
Le 15 mai 2001, Guyomarc'h nutrition animale adopte Evialis
comme raison sociale. C’est une année de croissance externe
intensive. Le Groupe acquiert en France Agribands Europe
France (AEF) – la marque Purina –, Prévital Nord et Prévital
Normandie. La même année est créée Prisma, issue de la fusion
des activités de prémix et de spécialités en France. Le dévelop-
pement international se poursuit en Espagne (en Galice) et
auVietnam (Hô Chi Minh-Ville). Le Groupe s’implante également
en Italie et enAfrique du Sud. Purina devient DP Nutrition en 2002.
En 2002, Paribas vend Royal Canin au groupe américain Mars
Incorporated. La banque cède également Diana, la branche
additifs et SOPRAT Père Dodu. Paribas réalise de substantielles
plus-values lors de chacune de ces opérations.
Il ne reste en 2003 que la branche historique “Nutrition
animale” moins stratégique pour Paribas, qui décidera de s’en
séparer en 2007. Présidé par Alain Decrop, Evialis poursuit sa
croissance externe en France, en Pologne, en Chine et en
Afrique du Sud. En 2005, un partenariat technologique est signé
avec le japonais Nosan Corporation tandis qu’en France est
créé Nutréa, le leader de la nutrition animale dans le grand
Ouest, avec Unicopa. Pierre Lefebvre devient Pdg d’Evialis en
mars 2005.
InVivo acquiert Evialis
Dans un premier temps, L’Union InVivo contrôle Financière Evialis
à 55 %, Unigrains et Sofipar détenant respectivement 25%
et 20 % du capital. À l’issue de l’OPA d’InVivo en août 2007,
Financière Evialis détient 81,80 % du capital et des droits de vote
de la société Evialis, qui sera cotée en Bourse jusqu’en juin 2009.
En 2006, à la veille du rachat, Evialis c’est…
… un chiffre d’affaires de 637 millions d’euros dont 25 %
à l’international,
… 3 074 salariés, dont 51 % en France, 26 % en Asie,
10 % au Brésil,
… le n° 2 français des aliments complets derrière
Glon-Sanders,
… le leader français des prémélanges médicamenteux,
… un laboratoire, Laréal, qui emploie 55 personnes à Vannes,
réalise 400 000 analyses par an et un chiffre d’affaires de
cinq millions d’euros.
INTERNA
TIONAL
Première usine de Vannes (Morbihan), fondée en 1955.
Les commerciaux des années 1950 posent pour la postérité.
La ferme-manoir de Talhouët à Saint-Nolff (Morbihan), siège social et laboratoire de recherches.
Guyomarc'h au Brésil (1974) - Guyomarc'h, devenu Evialis, au Vietnam (début des années 2000).